Beholden – I will build a room for you that will house our love.

Il y a des œuvres qui ne se contentent pas de nous frôler — elles nous pénètrent, nous suspendent, nous retournent. Ce nouvel album de Beholden, l’un des multiples visages d’Angel B., en fait partie. Connu pour ses alias aussi radicaux que singuliers — Narehate (depressive noise wall), Muybridge (ambient noise wall inspiré du mouvement figé par la photographie), Carnivorae Virentia (bruitisme chlorophyllé, minéral et végétal) — Angel B. poursuit ici son exploration sensorielle sous une forme plus éthérée mais non moins abyssale.

Une pièce unique, de 52 minutes, où le drone se mêle à un fond de noise discret, tapi comme un secret honteux… qui enfle, qui grimpe, qui dévore lentement le silence. C’est une musique en apesanteur, suspendue entre l’élévation et l’écrasement, entre la lumière et le poids du monde. Un chant sans mots, mais lourd de confessions muettes.

Beholden cisèle ici un mur sonore feutré, infiniment maîtrisé, qui n’impose rien mais enveloppe tout — et te laisse sans défense. C’est beau à pleurer. Une expérience d’écoute presque liturgique, qui t’ouvre au recueillement, à une forme de saudade, ce mot portugais intraduisible qui dit tout à la fois la joie perdue, la mélancolie lumineuse, et la douceur des choses que l’on ne vivra plus.

Un disque rare. Un très grand disque. Un disque céleste, profond, hypnotique. Une œuvre pour disparaître un instant — et peut-être se retrouver.

-SIR KULIKTAVIKT

Some works don’t merely brush against you — they pierce through, suspend you in midair, turn you inside out. This new album by Beholden, one of the many facets of Angel B., is one of them. Known for their radically singular aliases — Narehate (depressive noise wall), Muybridge (ambient noise wall inspired by the photography of frozen motion), Carnivorae Virentia (chlorophyllous, vegetal harsh noise) — Angel B. continues their deep sensory excavation in a more ethereal, yet no less abyssal form.

A single 52-minute piece, where drone flows over a discreet wall of sound, lurking like a buried secret… swelling, rising, slowly devouring the silence. It’s music in suspension, caught between elevation and collapse, light and gravity. A wordless chant heavy with silent confessions.

Beholden sculpts a hushed, immaculately controlled sonic wall — one that imposes nothing but envelops everything. It leaves you defenseless. It’s heartbreakingly beautiful. A listening experience that borders on the liturgical, opening the listener to a rare kind of inwardness, to a form of saudade — that Portuguese word with no real equivalent, evoking the bittersweet ache of lost joy, luminous melancholy, and the soft ache of things you’ll never live again.

A rare album. A great album. A celestial, profound, hypnotic album. A work to vanish into — and perhaps return changed.

-SIR KULIKTAVIKT 

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