« Dead Empathy » est un album qui ne cherche plus à rêver le monde : il s’y noie. Lentement. Sans cri. Sans éclat. Comme un corps qui s’abandonne dans une flaque d’eau sale, les yeux ouverts sur le béton.
Carrion signe ici une œuvre inqualifiable — ni musique, ni bruit, ni prière — mais un effondrement sonore. Harsh noise wall étouffé sous des couches de statiques pluvieuses, fragments de vies gâchées captés dans des samples gris cendre, field recordings de trottoirs détrempés, ambient ruiné, collages d’ondes mourantes et de silences fissurés. On y entend l’électricité frelatée du réel, les soupirs résignés de nos routines, la lente agonie de l’espoir devenu tiède.
C’est un manifeste de l’abandon, une esthétique de la désillusion pure, où l’on se perd non pas dans ce que le monde pourrait être, mais dans ce qu’il est devenu : un théâtre sans spectateurs, un rêve gris, une réalité qui ne mérite même plus d’être combattue.
Un chef-d’œuvre dépressif, exsangue, sublime.
Un miroir sans tain tendu à notre époque — et ce qu’il reflète n’a plus d’yeux.
-SIR KULIKTAVIKT
Dead Empathy doesn’t dream the world anymore — it drowns in it. Slowly. Wordlessly. Like a body melting into a gutter puddle, eyes wide open to the concrete above.
Carrion delivers something beyond classification — not music, not noise, not prayer — but a slow-motion sonic collapse. Harsh noise wall buried beneath rain-static; ghost-samples of wasted lives; footsteps sloshing through grey sidewalks; rotted ambient, dying frequencies, broken silence. You can hear the counterfeit voltage of real life, the sighs of resignation baked into our routines, the lukewarm death of once-fiery hope.
This is the sound of giving up — not in despair, but in quiet acceptance. An aesthetic of absolute disillusion. It doesn’t wander through imagined utopias, it lays down in the grime of what is. A stage without an audience. A dream turned to smog. A reality not even worth resisting anymore.
A depressive masterpiece. Bloodless. Hollowed out. Sublime.
A mirror held up to our time — and what stares back has no eyes left to see.
-SIR KULIKTAVIKT